"exceptionelle finesse d'articulation, vitalité éloquente et force de conviction" — Bertrand Boissard
Après un disque consacré aux Panufnik père et fille ("Reflections", catalogue no 626), Clare Hammond propose un florilège d'études où les partitions centenaires de Liapounov et Szymanowski voisinent avec des pages écrites entre 1992 et 2003.
Comme leur titre l'indique, les Etudes d'exécution transcendante de Liapounov suivent la voie tracée par Liszt. D'ailleurs, Nuit d'été - que la pianiste imprègne d'une belle finesse - rappelle les Harmonies du soir lisztiennes. L'interprète se tire bien de la haute virtuosité requise. Tout au plus pourra-t-on trouver les strepitosos de Terek un rien timides et Tempête, cet enfant monstrueux qu'auraient eu Chopin et Balakirev, moines tumultueuse que que sous les doigts de Scherbakov (Marco Polo). Bien troussées, tantôt acérées ou diaphanes, les Douze études op. 33 de Szymanowski évoquent souvent le Scriabine tardif, telle la deuxième écho de l'Etude op. 65 no. 1 du compositeur russe. Si Clare Hammond manque parfois d'aisance (Opus 33 No. 6) et doit d'incliner devant la clarté et le volontarisme de Martin Roscoe (Naxos), il faut saluer sa subtilité et la magnificence sonore.
Changement de braquet avec les pages des compositeurs vivants, où la pianist britannique apparaît cette fois parfaitement à l'aise. Les remarquables études d'Unsuk Chin (née en 1961) s'apparentent à la traversée d'un miroir glacé (1), ou revêtent les habits d'une diabolique toccata (5) se souvenant de Ligeti - donc Chin a été l'élève - en ses rythmes asymétriques. L'exceptionnelle finesse d'articulation, la vitalité éloquente et la force de conviction de Clare Hammond - qui surclasse la version de Yejin Gil (Solstice) - rendent justice au travail d'orfèvre de la musicienne sud-coréenne.
Brillantes et ludiques, jazzy ou évoquent un film muet en accéléré, les oeuvres de Nikolaï Kapustin (né en 1937) sont toujours payantes pour l'instrumentiste qui sait en dominer les embûches. La pianiste détaille le text et apporte une chaleur absente de la version rapide et virtuose de Marc-André Hamelin (Hyperion). En dépit de menues réserves, un disque revigorant.