Hélène de Montgeroult - Etudes in Diapason *5 stars*

"Clare Hammond excelle, alliant aisément technique et expressivité, virtuosité et narrativité." — Anne Ibos-Augé

Remarquable improvisatrice - l'exercice de ce talent sur La Marseillaise l'aurait sauvée de l'échafaud -, Hélène de Montgeroult fut l'élève de Hüllmandel, Clementi, Dussek et Reicha. Elle fut aussi, en 1795, la première femme nommée professeur de piano au Conservatoire de Paris. On lui doit, outre les sonates et quelques romances, une production pédagogique capitale, dont la pensée musicale annonce la génération des Schumann, Mendelssohn et Chopin - dont l'Etude op. 10 nº 12 semble prendre racine dans la nº 107 de l'aînée, pour se borner à un exemple. Chacune des cent-quatorze études qui composent les deux derniers volumes du Cours complet pour l'enseignement du forte-piano, publié avant 1820 - Clare Hammond et a sélectionné vingt-neuf - est flanquée d'un sous-titre éclairant. C'est « pour apprendre à toucher les notes mêlées dans la partie droite » qu'on s'essaiera à la nº 37, « pour jouer un chant qui porte son accompagnement de la même main » qu'on jouera la nº 28 (qui gagnerait à être plus nuancée qu'ici) ; la nº 66 est « pour les basses faites à contretemps ». Un text détaille en outre les points techniques abordés dans l'exercice et les conseils permettant de l'interpréter au mieux. Les nuances de l'Etude nº 34 « ne doivent pas dépasser le mezzo forte » ; les syncopes de l'« allegro molto accelerato » de la nº 99 figurent « une hâte, une sorte d'incertitude » qui ne doit pas être comprise comme un « agitato »...

Frappe chez Montgeroult l'attention accordée à l'expression, au « chant » (nºs 36, 62, 107, 110 - même les batteries doivent pouvoir chanter dans les nºs 26 et 41), à ce qu'elle appelle le « ton » (nºs 89, 103, 104), et qui n'est autre qu'une manière d'organiser les plans sonores. A cette aune, Clare Hammond excelle, alliant aisément techniques et expressivité, virtuosité et narrativité. Les contrastes sont là (nº 82 et 97), les lignes internes se perçoivent sans agressivité (nºs 67 et 106). Toujours avec la rigueur et la sobriété préconisées par notre pédagogue, qui demande simplement de « bien rendre les nuances », garantes de l'expressivité.