Reflections - the solo piano works of Andrzej and Roxanna Panufnikand Roxanna Panufnik in Diapason

"Hammond excelle à installer dans chaque pièce une ambiance" — Bertrand Boissard

On connaît Andrzej Panufnik pour ses oeuvres orchestrales (cf. le vaste cycle entrepris depuis plusieurs années par Lukasz Borowicz chez CPO, cf. infra). Il fut l'ami de Lutoslawski, son aîné d'un an, avec qui il donna des concerts clandestins durant l'occupation nazie de la Pologne, puis s'exila à Londres, menant une double carrière de compositeur et de chef.

Son catalogue pour piano tient en trois oeuvres. Les Douze études miniature de 1947 (révisées entre 1955 et 1964) s'organisent en miroir, faisant alterner tempos et dynamiques. Nervosité ludique (no. 3), dépouillement (no. 4), sérénité parfaitement communicative (no. 10), violence sardonique d'aigus effilés, basses traitées en mélodie flamboyante (no. 5), accélération fantastique (no. 12): autant de révélations, dignes d'enrichir le répertoire des virtuoses.

A l'autre bout de la vie créatrice de Panufnik trône la Pentasonata (1984), d'un accès moins immédiat. A partir d'une construction en palindrome, le compositeur a essayé de "parvenir à un équilibre entre coeur et esprit, intellect et émotion". Elle se clôt comme elle avait commencé, animée d'une vive impatience, tranchant ainsi avec l'hermétisme de sa partie centrale. Le sens du contraste innerve également les austères Reflections de 1968, créées par John Ogdon, dont les accords dissonants et éruptifs font suite à une atmosphère quelque peu désincarnée.

Hormis deux pages de Roxanna Panufnik, dans la continuité de celles de son père (telle l'introduction méditative de Second Home), le disque propose des arrangements de mélodies. Le beau triptyque intitulé Hommage à Chopin dévoile successivement un faisceau de sentiments ambigus, un pantin désarticulé, sorte de Pétrouchka de fantaisie, puis un paysage qu'on dirait moyenâgeux, dessiné au moyen de riches accords. Avec Prière (Modlitwa), Panufnik achevait sa quête d'une simplicité et d'une pureté quasi religieuses.

Clare Hammond, indéniablement habitée pas son sujet, excelle à installer dans chaque pièce une ambiance.